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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 14:12

MaryMagdaleneTomb.jpgL’énigme de la pierre déplacée

Il fait encore sombre. C'est l'heure indécise où le jour se lève et où les formes du paysage sont encore imprécises. Une femme au visage défait marche à pas pressés vers un jardin du Mont Golgotha. C'est Marie de Magdala qui se hâte ainsi, le cœur lourd, et les yeux encore remplis d'un trop plein de larmes qu'elle tente en vain de refouler. Elle se dirige vers un tombeau où, trois jours auparavant, un corps sans vie a été déposé. C'est celui de Jésus de Nazareth, cet homme bon et compatissant qu'avec une poignée de disciples, elle a suivi pendant des mois et des mois, et qui a été crucifié, supplice horrible s'il en est.

Marie n'est pas encore parvenue à son but que, de loin, elle voit que quelque chose ne va pas. Elle se frotte les yeux, incrédule. Mais que se passe-t-il? L'énorme pierre qui fermait le sépulcre a été roulée...Qui a pu faire une telle chose ? Et pourquoi ? S’agit-il d’un excès de précaution des autorités politiques et religieuses en place pour éviter une éventuelle récupération de cette exécution par leurs opposants toujours si actifs ? Quelle est la raison de cette étrange énigme ? Alors que des pensées tumultueuses agitent son esprit, Marie s'approche en tremblant, se demandant ce qu'elle va trouver en ce lieu. Le tombeau a-t-il été profané?

A peine arrivée, elle découvre que le corps, qui y avait été déposé avec toutes les précautions possibles et inimaginables, a disparu. Le tombeau est vide… désespérément vide. Le deuil de Marie de Magdala est alors redoublé avec cette disparition énigmatique.

La voilà donc confrontée avec une deuxième énigme, l’énigme du tombeau vide 

            Qui a bien pu subtiliser le corps ? Marie ne sait que faire. Dans son désarroi, elle se précipite vers les autres disciples pour les prévenir… Peut-être sauront-ils, eux, ce qui se passe. Peut-être auront-ils une idée de ce qui a bien pu se produire. Peut-être ont-ils déjà la clé de cette énigme?

            Or la déconvenue est grande pour la pauvre Marie de Magdala. Les disciples de Jésus sont tout aussi déconcertés qu'elle. Marie n'est pas plus avancée après son entretien avec eux qu'auparavant. Et la voilà repartie, le cœur alourdi par le poids de l'incompréhension et l’inquiétude. Ses pas la portent machinalement vers le jardin qu'elle avait quitté quelques instants plus tôt… Réaction somme toute on ne peut plus normale !Comme pour vérifier qu'elle n'a pas eu la berlue, quelques heures auparavant, elle s'approche du sépulcre tout en pleurant. 

Et là, voilà qu’une troisième énigme s’offre à elle : l’énigme des squatteurs de tombeau

 Marie s'aperçoit que la situation a évolué depuis son premier passage, et que l'anfractuosité creusée dans le rocher pour en faire un tombeau n'est plus vide. Deux hommes en vêtements blancs resplendissants, et ressemblant à des anges s'y trouvent, l'un à la tête de l'endroit où avait été étendu le corps, l'autre aux pieds. Que peuvent-ils bien faire là ? A quoi rime leur présence en ce lieu? De plus, non contents d’être là, les deux hommes commencent à parler. Et ils s’adressent à elle : "Pourquoi pleures-tu?" l’interrogent-ils. A peine Marie a-t-elle balbutié une réponse qu’embarrassée, elle se détourne pour cacher son visage souillé de larmes… C’est tout de même gênant pour une femme adulte que d’être vue en telle posture !

Et, quatrième énigme, elle aperçoit alors un autre homme, un inconnu lui aussi, un jardinier probablement. 

            Que de monde tout à coup dans ce jardin ! L’homme est debout derrière elle et la regarde en souriant. Puis il l'interroge. Allons bon! C'est bien le moment de répondre à des interrogatoires! C’est vrai qu’il a quelque chose de familier, cet homme, mais quand on est dans le désespoir le plus total, on ne comprend plus rien, et on est vite pris au dépourvu devant une situation inédite et imprévue. La pauvre Marie est profondément perturbée par tous ces évènements qu’elle ne comprend pas. Elle ne sait plus où donner de la tête, bafouille une réponse, cherchant à se débarrasser de celui qu'elle prend pour le jardinier du lieu.

"Marie!" s'écrie alors l'homme. Et voilà que sur ce seul mot, son propre nom, le voile qui obscurcissait l'esprit de Marie de Magdala se déchire. Elle ne sait pas comment cela a bien pu se passer, mais elle comprend soudain que c'est bien Jésus qui est là, devant elle. Il est revenu à la vie! Il est ressuscité!

Marie ne pose plus de questions. Elle ne cherche pas à savoir le pourquoi, le comment ou le but de cette quadruple énigme. Elle sait seulement une chose, c’est que Jésus est là, ressuscité, devant elle, et que c’est tout ce qui compte. Le poids qui pesait sur son cœur s'est envolé, et tout son être bat à l'unisson de la nature ensoleillée, des oiseaux qui chantent autour d'elle, et que, depuis trois jours, elle ne voyait plus ni n'entendait plus.

Tout à coup, elle revit : « Maître! », s'écrie-t-elle avec une reconnaissance éperdue devant cet inattendu de Dieu qu’elle n’aurait jamais osé espérer. « Maître! »

 "Va!" lui dit alors Jésus, "et raconte ce que tu as vu." Sans plus attendre, il fait de cette femme éplorée et fragilisée une messagère, une prédicatrice de la bonne nouvelle de sa résurrection, et l’envoie en témoin sur les chemins de la vie avec une force renouvelée et une espérance nouvelle. 

Dans nos vies souvent remplies de peine, d'incompréhension, et d’énigmes plus ou moins douloureuses que nous ne savons pas toujours résoudre, Jésus vient ainsi se manifester, et nous dire: "Pourquoi pleures-tu? Je suis là! Je suis ressuscité!  Je suis vivant pour toujours! Et je veux t'aider à vivre ton quotidien, facile ou difficile, certain ou incertain, triste ou joyeux. Je suis là avec toi, quoi qu’il arrive, et je t'accompagnerai tous les jours de ta vie."

 

Pasteure Anniel Hatton, aumônier protestant à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle

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Published by Aumônerie protestante des aéroports - dans Spiritualité