Discours du pasteur Claude Baty, président sortant de la Fédération Protestante de France, prononcé à l'Hôtel de Ville de Paris, lors de la cérémonie d'ouverture de Protestants en Fête-Paris d'espérance.
Mesdames, messieurs les Ministres, Madame l’adjointe au Maire, Monsieur le Préfet de Région, mesdames messieurs les élus, les présidentes et présidents, les pasteurs, chers amis,
Les Protestants sont en fête et ils sont heureux d’y associer tous ceux qui voudront bien les rejoindre. Notre accueil dans la Maison de tous les parisiens comme se plait à le rappeler M. le Maire, montre bien que notre fête ne veut pas être un rassemblement « entre soi ». Les « villages » temporaires que nous ouvrons, notamment celui des solidarités Place du Louvre, indiquent sans ambiguïté que pour être protestantes les oeuvres sociales ou médico-sociales qui y sont présentées n’en sont pas moins au service de tous. C’est la volonté de toutes nos
associations de servir, de témoigner en entrant en dialogue. Le protestantisme fait aujourd’hui partie du pays, il est tellement intégré qu’il en devient parfois invisible, d’où ce signe qu’il fait aujourd’hui. Puisqu’il est peu connu il souhaite que cela change et être reconnu comme un acteur à part entière de la société.
Il y a quelque chose qui fait quand même de l’événement que nous inaugurons, un moment unique dans notre histoire et que je ne saurais passer sous silence. Comme vous le savez pendant longtemps les protestants n’ont pas eu droit de cité dans Paris. L’Édit de Nantes dont on célèbre à tort les largesses, spécifiait que le culte protestant ne pouvait être célébré à moins de 5 lieues de Paris. Finalement pour faciliter la vie des protestants parisiens de l’époque, un temple fut édifié plus près, à Charenton. Charenton qui n’est pas vraiment aussi éloigné de Paris, ce qui provoqua des troubles ; c’est pourquoi Henri IV déclara que pour ne pas manquer à ses promesses, il fallait désormais compter cinq lieues de Paris à Charenton ! Et sachez que pour aller à Charenton on passait par Bercy ! Or donc, notre rassemblement protestant et tout particulièrement le culte de dimanche au Palais Omnisport de Paris Bercy, sera la première célébration cultuelle protestante, réunissant plus de 12 000 « religionnaires » dans Paris intra-muros ! Je vous disais que c’était un événement.
Tout change donc et parfois heureusement ; le protestantisme français lui-même a beaucoup changé depuis une génération, on l’a souvent dit c’est une famille recomposée ; s’il n’a pas de pays étrangers pour le parrainer, il a de nombreux liens et amis, notamment en francophonie, mais pas seulement là, comme le montrera l’intervention de l’anglophone Mme. Gobwee dans un moment. Nous la remercions pour son appel à nos mobiliser pour la paix. Le protestantisme s’est donc mondialisé, la population protestante francophone la plus nombreuse se trouvant aujourd’hui en République démocratique du Congo, je suis heureux de saluer leurs représentants parmi nous, comme je salue les Haïtiens. Décidément Calvin le Picard, a des continuateurs partout dans le monde et pas seulement à Genève.
En présence des représentants du gouvernement et tout particulièrement de M. Valls « notre » ministre de l’Intérieur, il me pardonnera de me l’approprier un moment, je ne peux manquer d’évoquer un thème qui nous tient à coeur, la laïcité. D’abord pour me réjouir des excellentes relations avec ce ministère et de l’écoute dont nous bénéficions dans ses services.
Nous faisons donc le pari de l’espérance, un pari fondé sur la confiance et nous souhaiterions entrainer nos concitoyens sur ce chemin. Cependant quelques alertes récentes nous font craindre un regain de tension. Comme quelqu’un qui n’est pas religieux l’a écrit, après avoir obtenu la liberté de ne pas croire (en Dieu), faudrait-il aujourd’hui conquérir la liberté de croire ! Notre pays est-il destiné à passer d’une intolérance à une autre ? J’espère que non !
Les protestants sont parfois dérangeants dans leurs interpellations, mais sans dialogue exigeant, confiant et respectueux comment avancer ? Que feriez-vous de comités et de partenaires aux ordres ?
C’est donc avec espérance que nous ouvrons ces journées où toutes les questions qui préoccupent nos concitoyens et plus largement l’humanité, seront abordées librement pour déboucher au moins, nous l’espérons, sur plus de compréhension.
Que la fête commence et continue !
Pasteur Claude Baty