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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 21:44

DSCN4246.JPG

Quoi qu'il arrive, elle est toujours souriante, Maimuna Traore. Quand on arrive à la caisse d'un des restaurants du personnel, elle a toujours un petit mot aimable pour chacun, et c'est bien agréable.

 

Pourtant, en ce moment, ce ne sont pas les soucis qui lui manquent. Outre ses problèmes de santé personnels, elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour sa famille. En effet, elle travaille ici, en France, mais toute sa parenté est à Bamako.

Or, chacun sait à quel point la situation est critique actuellement au Mali, et on s'imagine sans mal combien ce doit être angoissant pour elle d'être loin des siens quand la guerre fait rage. Malgré tout, elle reste affable, et rien ne transpire de ses préoccupations sur son visage accueillant.

 

Mon plateau à la main, je m'arrête souvent quelques instants à la caisse pour lui parler et lui demander des nouvelles de sa famille: "ça va, ça va bien", me répond-elle invariablement.

 

Un jour cependant, elle se fait un peu plus bavarde: "Je ne comprends pas se qui se passe au pays", me dit-elle. "Avant, on vivait ensemble sans problème, musulmans et chrétiens, et les autres religions aussi… Maintenant, on dirait que ce n'est plus possible."

 

Puis son regard se fait songeur: "Quand j'étais au lycée, j'avais des amies protestantes. On avait chacune nos fêtes, et on s'invitait mutuellement. On s'amusait bien! Elles m'invitaient à Noël, et j'allais le fêter chez elles… On était comme des sœurs!"

 

Quelques secondes de nostalgie s'écoulent, et elle reprend: "Je suis musulmane, moi, mais je respecte les autres. Je ne suis pas comme ces islamistes qui veulent nous séparer les uns des autres. Vous voyez, je ne porte pas le voile, et pourtant je suis très croyante!"

 

Son sourire s'éteint un petit instant pour reparaître aussitôt: "Je ne comprends pas ce qui se passe chez moi. Tout a changé! Et en attendant, ma mère a peur et me téléphone tous les jours…Pourquoi est-ce qu'on en est arrivé là? C'est là quelque chose que je n'arrive pas à comprendre…Mais qu'est-ce qui se passe au Mali?"

 

                                                                                  Propos recueillis par Anniel Hatton

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Published by Aumônerie protestante des aéroports - dans La vie des aumôneries
16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 21:29

DSCN4245.JPGGisèle arrive tôt à l'aéroport. Comme beaucoup de personnes qui travaillent "en décalé", elle commence souvent à 6h30. Elle en profite pour aller se recueillir quelques instants dans la chapelle du terminal 2F: "J'ai besoin de ce petit temps de silence et de prière intérieure pour tenir toute la journée", me dit-elle. "Les passagers sont souvent exigeants et parfois irritables. Il faut que je garde mon calme en tous temps, et que je leur réponde en souriant quel que soit leur comportement."

Maria, elle, habite très loin de CDG. Elle aime s'asseoir dans la chapelle à chaque pause, même si ce n'est pas pour très longtemps. "Parfois, je ne prie même pas", me dit-elle. Mais je sens la présence de Dieu dans ce lieu, et cela me fait du bien. Et puis, ça me repose." Ces coupures entre deux longs épisodes d'accueil des passagers lui permettent de se ressourcer, et parfois tout simplement de souffler un peu entre deux.

Le nom de "chapelle" est un bien grand mot pour cette salle minuscule et toute en longueur située au niveau "arrivées" du terminal 2F. Le mobilier est très succinct: six chaises et une table ovale qui sert d'autel et sur laquelle ont été déposés une Bible, quelques livres de prières et de méditations. Aux murs, une croix toute simple, deux reproductions de tableaux religieux et un petit tabernacle doré contenant le saint sacrement. A l'entrée, quelques casiers dans lesquels les aumôniers protestants et catholiques déposent des feuillets de prières ou des informations sur les cultes et les messes.

Depuis un an, cette petite chapelle est l'objet de dégradations diverses. Les livres de prière et de méditations sont déchirés, la Bible souillée, le sol couvert de liquides nauséabonds. Pendant un temps, je remplaçais la Bible régulièrement pour finir par ne plus en mettre.

Mais cette semaine, c'est la croix qui a disparu, laissant un vide béant sur le mur blanc de ce lieu de prière perturbant en profondeur les fidèles qui fréquentent régulièrement cette chapelle.

Anniel Hatton

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 14:14

DSCN3999.JPGLes activités des aumôneries sur une plateforme aéroportuaire restent la plupart du temps presque confidentielles, laïcité oblige. Elles ne sont pas répertoriées dans les animations proposées par l'aéroport, et aucune publicité n'est faite pour prévenir passagers et membres du personnel de ce qui est prévu à leur programme. C'est ainsi que c'est une agréable surprise pour ceux qui arpentent ces lieux de passage que d'entendre tout à coup des mélodies connues à l'époque de Noël.

 

Le 15 décembre 2012, la chorale Yvelines Espoir et son ensemble instrumental sont revenus se produire au terminal 1 de l'aéroport de Roissy-CDG pour le plus grand bonheur de toutes les personnes présentes.

 

Lydia, tu es sans doute la plus jeune du groupe. Puis-je te demander ton âge?

J’ai 20 ans. Mais cette année je n'étais pas la plus jeune du groupe... Le plus jeune, c'était notre pianiste de 17 ans !

 

Que fais-tu dans la vie?

Je suis étudiante à l’université en deuxième année de licence.

 

Tu chantes et tu joues de la flûte traversière. Qu'est-ce qui t'a poussée à participer DSCN3993.JPGaux activités de cet ensemble vocal et instrumental?

Lorsque je joue de la flûte, je ne peux pas chanter en même temps. Mon désir de chanter m’a donc poussé à m’engager dans cette chorale. De plus, le fait que ce soit une chorale inter-églises m’a beaucoup plu.

 

Tous les choristes viennent effectivement de différentes églises protestantes du sud des Yvelines. Ton père est pasteur ERF. D'autres viennent de communautés évangéliques. Qu'est-ce qui vous rassemble?

C’est notre foi qui nous rassemble, ainsi que le chant bien évidemment ! Par nos voix, nous souhaitons partager la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ qui nous est commune à tous. Nous voulons briller de Sa lumière et partager l’amour qu’Il a pour chacun de nous.

 

Pourquoi le nom de cette chorale, "Yvelines Espoir"? Est-ce parce que le chef de chœur est prénommée Yveline?

C’est une question qui revient souvent, et je me la suis moi-même posée au début. Non, ce n’est pas à cause du prénom de notre chef de chœur mais pour la simple raison que nous venons tous du département des Yvelines. Le mot «Espoir» désigne l’espérance que nous souhaitons apporter aux personnes qui nous entendent : notre espérance en Jésus-Christ et l’espoir que tout le monde puisse le connaître un jour.

 

Si j'ai bien compris, quelques jours avant de venir à CDG, vous avez chanté à la Maison d'arrêt de Bois d'Arcy. Qu'as-tu ressenti en chantant ainsi devant toutes ces personnes appelées à passer les fêtes de fin d'année en captivité?

C’était une expérience très forte et très particulière, étant donné que c’était la première fois que j’entrais dans une Maison d’arrêt. J’avais une petite appréhension, mais finalement, ça a été un réel plaisir que de pouvoir partager avec eux notre foi et d' apporter un peu de chaleur dans cet endroit.

 

Comment ont réagi les détenus? As-tu perçu de l'émotion de leur part pendant votre concert?

Ce qui m’a particulièrement marquée, ce sont tous les sourires que nous avons pu voir sur le visage des détenus. Ils semblaient tellement contents! Cela nous a vraiment réjouis. Ils ont même chanté pour nous à leur tour un chant qui dit: «Nous vous annonçons la paix, la joie, l’amour en Jésus».

 

Le concert suivant avait lieu à CDG, un lieu bien différent de la maison d'arrêt. En tant que choristes, vous avez l'habitude de chanter dans des églises ou des salles où l'assistance est assise pour écouter votre prestation. A l'aéroport, vous chantez devant un public mouvant, des passagers qui passent sans s'arrêter ou font une halte de quelques minutes voire de quelques secondes. Quelle impression cela te donne-t-il de chanter dans ce mouvement perpétuel? N'est-ce pas déstabilisant?

C’est un réel exercice de concentration! Il y a sans cesse du mouvement, des annonces faites par les haut-parleurs. Mais nous devons essayer de nous en abstraire et rester les yeux fixés sur notre chef de chœur pour ne pas nous laisser déstabiliser.

Par contre, si l’aéroport est un lieu de mouvement perpétuel, il peut être aussi l'occasion de longues attentes. Un certain nombre de passagers ont donc pu prendre le temps de s’arrêter pour nous écouter pendant un certain temps et c’était très encourageant.

 

DSCN3996.JPGVos chants ont été très appréciés aussi bien par le personnel présent sur place que par les passagers... et même un SDF qui est resté là à vous écouter tout le temps du concert. Est-ce que le fait de venir chanter dans un aéroport t'apporte quelque chose en retour?

Oui, cela m'a beaucoup apporté à moi personnellement. Il faut dire que ce n’est pas une expérience que nous vivons tous les jours! Et je suis ravie d’avoir pu la vivre une nouvelle fois cette année. Avant de venir chanter sur la plateforme de Roissy, je ne savais même pas qu’il y avait une aumônerie dans les aéroports! Quelle plus belle occasion de partager la Bonne Nouvelle de Jésus que de chanter des chants de Noël ? Le temps de Noël est un temps tout particulier et nous sommes ravis d’avoir pu réaliser ce projet en ce temps de fêtes. Merci !

 

 

propos recueillis par Anniel Hatton

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 14:15

Calendrier-2013.JPGEn janvier, on distribue des calendriers à CDG... comme tout le monde, me direz-vous! Oui et non. C'est que ces calendriers sont interreligieux et émanent d'un travail commun au service communication de l'aéroport et aux quatre aumôneries, protestante, catholique, israélite et musulmane.

Je passe donc une bonne partie de mon temps de ce début d'année à faire cette distribution aux membres du personnel évoluant sur la plateforme. Je vais partout où je le peux, suivant le temps dont je dispose, m'adressant aussi bien aux employés de bureau en zone publique, qu'aux agents d'accueil des compagnies aériennes et des salons pour passagers "haut de gamme" en zone réservée, sans oublier, bien entendu, les vendeurs des diverses boutiques de duty-free.

L'accueil qui m'est réservé est parfois un peu froid, je dois le reconnaître, mais la plupart du temps, les personnes que j'ai en face de moi en profitent pour entamer une petite discussion avec ce personnage étrange qu'est un aumônier d'aéroport et dont la présence les étonne en ce lieu. Malgré mon intervention quotidienne sur la plateforme, et mes allées et venues incessantes sur les trois terminaux, beaucoup d'entre eux ne savent même pas que les aumôneries existent. Les questions fusent et j'essaie d'y répondre de mon mieux. Certains me provoquent pour mieux me tester et voir comment je vais réagir. Je prends souvent le parti de répondre par l'humour, ce qui peut être déconcertant pour certains de mes interlocuteurs tandis que d'autres y voient une façon de voir la vie qui leur plaît.

Il m'arrive de découvrir des protestants convaincus que je n'avais jamais encore rencontrés aux côtés de gens qui me disent carrément que la religion et les questions de foi ne les intéressent pas et que leur seul dieu est l'argent. Mais finalement, au bout d'un moment, les plus "coincés" se dégèlent, et finissent par parler de leur quotidien en toute franchise...

 

Alors demandez le calendrier interreligieux des aéroports de Paris, ou, si vous passez par là, venez le chercher dans les centres spirituels des trois terminaux!


Anniel Hatton

 

Aumônerie Protestante de CDG

UO CDGE

BP 81007

95931 Roissy CDG Cedex

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 07:13

DSCN3980.JPGMercredi 12 décembre: je viens d'arriver sous douane, "côté piste" comme on dit maintenant. Après avoir passé, comme tout un chacun, le filtre de la sûreté, je me mets en quête du "salon King David" de la compagnie El Al… C'est que je suis invitée à assister à "l'allumage officiel de la Hannukah". En arrivant, je m'aperçois que je ne suis pas la seule "goy": des chrétiens convaincus se mêlent aux israélites habitués des lieux.  L'assistance est nombreuse et très diverse, et parmi les inconnus qui s'y pressent, je reconnais certains visages de gens que j'ai rencontrés ailleurs.

 

Aujourd'hui cinquième jour de célébration, cinq bougies seront allumées sur le chandelier à huit branches.  Chacun s'empresse de m'expliquer avec la plus grande gentillesse qu'il s'agit de fêter la victoire des macchabées sur les troupes du roi Antiochus. Mais me dit-on, plus que cette victoire militaire, c'est le miracle de la fiole d'huile que l'on célèbre. Un temps de guerre implique restrictions de toutes sortes et privations en tous genres.  En ce 2è siècle av.J.C., il n'y avait presque plus d'huile pour allumer les lampes des israélites. Juste un petit fond dans un flacon gardé précieusement par un grand-prêtre, tout juste assez pour une nuit. Or une intervention divine miraculeuse permit que ce petit reste suffise pour l'éclairage d'une semaine. "Nous israélites, nous croyons que Dieu peut faire les miracles les plus fous", me dit un des participants à la fête." Alors, en souvenir de cet évènement de notre Histoire, pendant toute cette semaine de célébrations, tous les plats que nous mangeons sont cuits à l'huile d'olive.

 

Après une courte allocution du directeur de la compagnie El Al, les rabbins Haim Korsia et Moshe Lewin récitent en hébreu les prières appropriées, puis appellent quelques-unes des personnes présentes à s'approcher pour allumer les cinq bougies. A ma grande surprise, je suis l'une d'entre elles ! Une femme représentant une autre confession religieuse... C'est un grand instant d'émotion pour moi que de participer à ce moment liturgique important de la foi de mes collègues aumôniers israélites.

 

Pendant l'allumage, le rabbin Haim Korsia rappelle en quelques mots que la régularité et la fidélité sont des aspects essentiels de la foi, et que Dieu a donné la lumière aux êtres humains non pas pour qu'ils la gardent égoïstement pour eux-mêmes, mais pour qu'ils la partagent avec ceux qu'ils côtoient au quotidien.

 

                                                                                                                      Anniel Hatton

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 13:35

DSCN3952.JPG   Samedi 8 décembre, en début d'après-midi: un joyeux désordre règne au terminal 2F de l'aéroport CDG. Une bonne vingtaine de personnes, dont deux en fauteuil roulant, s'affairent devant un grand sapin orné de boules et de guirlandes écarlates.

 

   Puis, une fois que tout le monde est en place et la sono installée, des accords d'outre-manche résonnent: la chorale de St Peter's, l'église anglicane de Chantilly, égrène des Christmas Carols. Des passagers s'arrêtent quelques instants pour écouter et applaudissent, pour ensuite laisser la place à des agents d'escale qui, attirés par les mélodies entendues, viennent se rendre compte par eux-mêmes de ce qui se passe.

 

   Un tout petit enfant s'approche en chancelant sur ses jambes encore bien peu affermies et se plante tout devant, l'air émerveillé.

 

   Il fait un peu froid et les manteaux sont de rigueur, mais l'atmosphère est joyeuse et bon enfant.

 

   Et maintenant, rendez-vous samedi prochain à 14h30 au terminal 1 pour la chorale Yvelines Espoir!

 

DSCN3968.JPGAnniel Hatton

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 21:07

DSCN3237.JPGIls vont embarquer… Il est 18h15 au Terminal 2B et l'avion est à l'heure. Comme à chaque fois, j'ai un petit pincement au cœur en disant adieu à une famille de Wishes4kids. Cette association britannique tente d'exaucer le vœu le plus cher d'un enfant malade en fin de vie, ou atteint d'un handicap très lourd. Les plus petits d'entre eux n'ont qu'un seul désir, c'est d'aller à Disneyland. Alors l'association leur offre le voyage de leurs rêves tous frais payés. C'est le cas de cette fillette trisomique souriante et joyeuse accompagnée par sa famille. Lundi, je les ai accueillis à l'arrivée de l'avion, et aujourd'hui mercredi, c'est le moment du retour. Afin que ce soit moins difficile pour eux de reprendre pied dans la réalité, je les ai aidés à effectuer les formalités d'enregistrement. Puis, après avoir longuement écouté les parents me raconter leur vie parsemée de joies et d'épreuves de toutes sortes, j'ai joué avec la fillette, l'aidant à coller des stickers sur un album coloré offert par l'aéroport…

Déjà deux heures d'écoulées ! Le temps passe plus vite qu'on ne croit, même quand on attend en salle d'embarquement. L'agent d'escale vient de faire son annonce: c'est l'heure. Il faut y aller. "Ma" famille se lève et se dirige vers la passerelle lorsqu'au moment de s'éloigner la jeune mère se ravise. Elle se retourne tout à coup vers moi en un élan rempli d'affection et m'embrasse. Puis elle s'éloigne. Elle a les larmes aux yeux. Alors que, toute émue, je me fraye un chemin dans la salle d'embarquement pratiquement comble, je m'aperçois que des regards ébahis suivent ma progression. C'est que j'ai un dossard "aumônerie protestante" et que la jeune femme qui vient de m'étreindre avec effusion porte un voile et est ostensiblement musulmane…

 

En tant que pasteure de l'aumônerie protestante de l'aéroport de Roissy, même si je me dois de répondre en premier lieu aux demandes des protestants, ou des chrétiens en général, je ne fais acception de personne, et je suis au service de tous ceux qui font appel à moi, quels qu'ils soient.

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Hier, c'était un réfugié d'un certain âge accueilli il y a plusieurs mois par l'équipe de la Croix Rouge du Terminal 1. A l'instar de nombre de ses pareils, il revient de temps à autre voir ceux qui lui ont témoigné un peu d'amitié et de compassion à son arrivée sur le territoire français. Il est vrai que, comme ses capacités linguistiques sont limitées, nos conversations ne vont pas très loin. Mais l'important pour lui, c'est de se sentir accepté en tant que personne… Quelques minutes après l'avoir croisé et échangé quelques mots avec lui, alors que j'arpente un des nombreux tapis roulants du Terminal 2  j'entends des pas pressés derrière moi. C'est ce même homme qui vient de me rattraper et qui, avec un sourire un peu embarrassé, m'offre deux roses qu'il a sorties de son sac usé jusqu'à la corde…

 

Anniel Hatton

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:59

DSCN3036.JPG« Je suis en transit, et mon avion ne décolle qu’à 19h. Quel bonheur que d’entendre des chants de Pâques à l’aéroport ! » Celle qui s’exprime en ces mots est une petite dame au visage souriant qui arbore une grande croix sur un pull très coloré. Catholique, elle se réjouit de ce qui est pour elle une bonne surprise à laquelle elle ne s’attendait pas.

Nous sommes le samedi de la semaine sainte, et depuis le début de l’après-midi, le terminal 1 résonne de mélodies rythmées célébrant la joie de cette fête de Pâques qui ne constitue, pour beaucoup, que le début des vacances scolaires. DSCN3033.JPG

Composée de choristes et d’instrumentistes appartenant à différentes églises protestantes du sud des Yvelines qui se retrouvent chaque semaine pour répéter des chants très variés, la chorale Yvelines Espoir a ainsi permis aux passagers et au personnel de l’aéroport de Roissy de célébrer Pâques en musique et dans la joie.

Pasteure Anniel Hatton, aumônier protestant à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 13:29

DSCN2823.JPG"Tous nos vœux ! Permettez-nous de vous offrir le calendrier interreligieux de l'aéroport…"

 

Un sourire, quelques mots aimables, deux ou trois mots de présentation. Et voilà le contact établi avec les vendeurs des boutiques aéroportuaires. En début d'année, une bonne partie de notre temps se passe ainsi à des distributions systématiques de calendriers dans les bureaux ou les espaces commerciaux des plateformes parisiennes.

 

La cafétéria du terminal 1 ressemble à une ruche bourdonnante. De nombreux membres du personnel au sol s'y retrouvent quotidiennement pour partager un repas. Pour certains d'entre eux, c'est le seul moment où ils peuvent se retrouver entre eux s'ils ne travaillent pas dans le même secteur. De plus, on y est accueilli avec un sourire par le personnel de service, ce qui n'est pas négligeable. Et finalement, à force d'y venir, on se fait de nouvelles connaissances et on tisse des liens avec les uns ou les autres.

 

J'ai rendez-vous avec Lynda Abrahami, la responsable du Pôle Communication de l'aéroport. Dynamique et résolue, Lynda est une personne à l'abord très sympathique et au regard attentif. Curieuse de mieux connaître le monde autour d'elle, ouverte à tous les êtres humains qui l'entourent, c'est une voyageuse invétérée et passionnée de musique Gospel.

 

Au cours de la conversation, je découvre que c'est d'elle que vient cette idée originale de calendrier DSCN2824.JPGinterreligieux. Euréka! Depuis que je suis à l'aéroport, je n'avais pu obtenir jusqu'ici que des réponses approximatives à mes questions sur ce point…

 

Longtemps, Lynda s'était interrogée sur la raison pour laquelle, dans un pays qui tient autant à la laïcité que la France, tous les calendriers proposés par des services de l'Etat ne contenaient que les fêtes chrétiennes. Un jour l'idée lui vient d'en composer un pour son lieu de travail avec les fêtes des trois grandes religions monothéistes.

 

Elle prend alors contact avec deux des aumôniers de l'époque, une religieuse catholique, Sœur Bernadette, et le pasteur Jean-Pierre Dassonville, représentant à CDG de la Fédération Protestante. Ensemble, ils jettent les bases préliminaires de ce projet. Ils commencent par réfléchir au format le plus pratique pour tous, assez petit pour tenir dans une poche, assez grand pour ménager les yeux fatigués des plus âgés.

Puis ils se préoccupent du contenu. Que faut-il y inclure en plus des dates des diverses célébrations? C'est ainsi que seront précisés la localisation des centres spirituels et les noms des aumôniers des différents cultes. Notre trio passe ensuite à l'étape suivante: s'assurer de la collaboration amicale et régulière des collègues rabbins et imams.

 

Et c'est ainsi qu'en 2006 le premier calendrier interreligieux des aéroports de Paris voit le jour.

 

Au cours des années, des améliorations lui seront apportées. La réflexion de ses concepteurs s'élargit en effet à l'aspect pédagogique du projet. Pourquoi ne pas insérer une courte explication d'une ou deux fêtes de chaque religion pour permettre à chacun d'apprendre à connaître celui ou celle qu'il côtoie parfois au quotidien?

 

Quand j'interroge Lynda sur son but premier en ébauchant son projet initial, elle me répond en termes d'humble contribution à la paix entre les peuples, de tolérance mutuelle entre les différents cultes, et d'acceptation de l'autre dans sa différence.

 

Pasteure Anniel Hatton, aumônier protestant à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle

 

NB : ce calendrier interreligieux est disponible toute l’année dans chaque centre spirituel aéroportuaire

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 14:59

photo.JPGC’était il y a un peu plus d’un an. Nous étions à Phoenix, en Arizona. Alors que la France abordait un automne pluvieux et frais, une soixantaine d’aumôniers d’aéroports de tous pays se retrouvaient pour leur rassemblement annuel dans une région ensoleillée où régnait un minimum de 35° à l’ombre.

Kennedy M'pande était sans doute le plus jeune de tous les participants à cette rencontre. Il n'était pas encore trentenaire, et avait accompagné deux de ses collègues congolais à ce congrès international de la IACAC afin de voir comment se vivait l’aumônerie dans d’autres contrées de notre globe. Tout était nouveau pour lui, et il était là, concentré et souriant, bien décidé à apprendre comment monter une aumônerie de toutes pièces. Je le voyais écouter avec attention toutes les interventions, prêt à tirer parti de l'expérience des autres si elle lui semblait adaptable à son pays. Car, à l'aéroport de Lubumbashi, il n'y avait pas encore d'aumônerie proprement dite.

Kennedy, qu'est-ce qui vous a amené à l'aumônerie ?

C'est un frère méthodiste de ma paroisse qui m'a incité à aller à Phoenix. Ce qu’il m’a dit sur l’aumônerie aéroportuaire m’a beaucoup intéressé. Je suppose que c’est après avoir observé mon assiduité tant dans la vie professionnelle que dans les activités d’église qu’il a décidé de m’en parler. Il y avait longtemps qu'il essayait de mettre sur pied une aumônerie à l'aéroport de Lubumbashi, et il m'a demandé de lui prêter main forte.

De quel style d'aéroport s'agit-il ? Est-ce une grande plateforme ?

Tout est relatif… Mais par rapport à mon pays, c’est le deuxième aéroport international en termes de grandeur et de flux de voyageurs.

Quelle est la situation là-bas dans le domaine de l’aumônerie ? La direction est-elle favorable à ce genre de projets ?

Non, pas du tout, c'est très difficile. Pour la direction, l'aumônerie n'est pas une priorité. Et les démarches entreprises n'ont pas abouti à grand chose pour le moment.

L'aéroport met-il au moins gracieusement un local à votre disposition pour accueillir les membres du personnel et/ou les passagers qui ressentiraient le besoin de se recueillir avant de reprendre leur travail ou de partir en voyage ?

Absolument pas. Il nous faut trouver nous-mêmes le financement nécessaire et payer la location d'une salle si nous voulons en avoir une. La direction de l’aéroport ne voit aucun intérêt à l’instauration d’une aumônerie dans ses locaux.

Les églises de la région vous soutiennent-elles dans ce projet ?

L’implication des églises est encore balbutiante. Peut-être que l’œuvre n’est pas encore bien comprise. Nous évoluons toutefois vers une collaboration franche et soutenue avec les communautés des environs.

Ce genre d'initiatives peut parfois prendre beaucoup de temps. Est-ce que vous arrivez à en trouver pour faire toutes ces démarches ?

Je travaille dans une banque et j'ai une vie professionnelle très prenante... sans compter mes activités d'église. Ce n'est donc pas toujours très facile de trouver le temps nécessaire, mais par souci de voir l’œuvre évoluer, je prends le temps malgré tout, ce qui implique certains sacrifices, bien entendu.

Vous avez toujours dû vous battre dans la vie pour vous en sortir, et ce depuis votre toute petite enfance. Cela vous donne-t-il une certaine combativité qui vous permet de ne pas vous laisser décourager trop facilement devant les obstacles qui se dressent sur votre route ?

Absolument. J’ai appris à ne jamais baisser les bras face aux difficultés de l’existence. J’ai appris à tailler mon chemin dans le roc et à regarder la vie d’un œil optimiste malgré tout. Mais j'ai aussi sous les yeux l'exemple de ma mère, qui a dû travailler dur toute sa vie pour élever seule neuf enfants. Et puis, elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que nous ayons l'occasion de faire des études. Je lui en suis très reconnaissant. C’est une femme très courageuse.

Pensez-vous que le fait de ne pas avoir eu votre père biologique à la maison et d'être obligé de prendre des responsabilités très jeune peut vous aider à mieux comprendre les hommes et les femmes que vous rencontrez et qui peuvent parfois être accablés par la solitude et toutes sortes de soucis personnels ?

Chaque situation de vie a certainement quelque chose à nous apprendre. Dans mon cas, je crois que oui, je saurai à l’occasion mieux comprendre et peut-être mieux aider ceux qui sont dans la peine.

Comment peut-on vous soutenir dans votre projet ?

Nous avons besoin de vos prières pour que la direction voie plus clairement la nécessité d'une aumônerie. Il faudrait que ses responsables soient conscients qu'un tel projet pourrait être un plus pour notre aéroport, non seulement pour les autochtones, mais aussi pour les passagers étrangers en transit qui recherchent peut-être un lieu calme où ils pourraient faire silence en eux-mêmes et reprendre souffle.

Propos recueillis par la pasteure Anniel Hatton, aumônier protestant à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle

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