Les activités des aumôneries sur une plateforme aéroportuaire restent la plupart du temps presque confidentielles, laïcité oblige. Elles ne sont pas répertoriées dans les animations proposées par l'aéroport, et aucune publicité n'est faite pour prévenir passagers et membres du personnel de ce qui est prévu à leur programme. C'est ainsi que c'est une agréable surprise pour ceux qui arpentent ces lieux de passage que d'entendre tout à coup des mélodies connues à l'époque de Noël.
Le 15 décembre 2012, la chorale Yvelines Espoir et son ensemble instrumental sont revenus se produire au terminal 1 de l'aéroport de Roissy-CDG pour le plus grand bonheur de toutes les personnes présentes.
Lydia, tu es sans doute la plus jeune du groupe. Puis-je te demander ton âge?
J’ai 20 ans. Mais cette année je n'étais pas la plus jeune du groupe... Le plus jeune, c'était notre pianiste de 17 ans !
Que fais-tu dans la vie?
Je suis étudiante à l’université en deuxième année de licence.
Tu chantes et tu joues de la flûte traversière. Qu'est-ce qui t'a poussée à participer aux activités de cet ensemble vocal et instrumental?
Lorsque je joue de la flûte, je ne peux pas chanter en même temps. Mon désir de chanter m’a donc poussé à m’engager dans cette chorale. De plus, le fait que ce soit une chorale inter-églises m’a beaucoup plu.
Tous les choristes viennent effectivement de différentes églises protestantes du sud des Yvelines. Ton père est pasteur ERF. D'autres viennent de communautés évangéliques. Qu'est-ce qui vous rassemble?
C’est notre foi qui nous rassemble, ainsi que le chant bien évidemment ! Par nos voix, nous souhaitons partager la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ qui nous est commune à tous. Nous voulons briller de Sa lumière et partager l’amour qu’Il a pour chacun de nous.
Pourquoi le nom de cette chorale, "Yvelines Espoir"? Est-ce parce que le chef de chœur est prénommée Yveline?
C’est une question qui revient souvent, et je me la suis moi-même posée au début. Non, ce n’est pas à cause du prénom de notre chef de chœur mais pour la simple raison que nous venons tous du département des Yvelines. Le mot «Espoir» désigne l’espérance que nous souhaitons apporter aux personnes qui nous entendent : notre espérance en Jésus-Christ et l’espoir que tout le monde puisse le connaître un jour.
Si j'ai bien compris, quelques jours avant de venir à CDG, vous avez chanté à la Maison d'arrêt de Bois d'Arcy. Qu'as-tu ressenti en chantant ainsi devant toutes ces personnes appelées à passer les fêtes de fin d'année en captivité?
C’était une expérience très forte et très particulière, étant donné que c’était la première fois que j’entrais dans une Maison d’arrêt. J’avais une petite appréhension, mais finalement, ça a été un réel plaisir que de pouvoir partager avec eux notre foi et d' apporter un peu de chaleur dans cet endroit.
Comment ont réagi les détenus? As-tu perçu de l'émotion de leur part pendant votre concert?
Ce qui m’a particulièrement marquée, ce sont tous les sourires que nous avons pu voir sur le visage des détenus. Ils semblaient tellement contents! Cela nous a vraiment réjouis. Ils ont même chanté pour nous à leur tour un chant qui dit: «Nous vous annonçons la paix, la joie, l’amour en Jésus».
Le concert suivant avait lieu à CDG, un lieu bien différent de la maison d'arrêt. En tant que choristes, vous avez l'habitude de chanter dans des églises ou des salles où l'assistance est assise pour écouter votre prestation. A l'aéroport, vous chantez devant un public mouvant, des passagers qui passent sans s'arrêter ou font une halte de quelques minutes voire de quelques secondes. Quelle impression cela te donne-t-il de chanter dans ce mouvement perpétuel? N'est-ce pas déstabilisant?
C’est un réel exercice de concentration! Il y a sans cesse du mouvement, des annonces faites par les haut-parleurs. Mais nous devons essayer de nous en abstraire et rester les yeux fixés sur notre chef de chœur pour ne pas nous laisser déstabiliser.
Par contre, si l’aéroport est un lieu de mouvement perpétuel, il peut être aussi l'occasion de longues attentes. Un certain nombre de passagers ont donc pu prendre le temps de s’arrêter pour nous écouter pendant un certain temps et c’était très encourageant.
Vos chants ont été très appréciés aussi bien par le personnel présent sur place que par les passagers... et même un SDF qui est resté là à vous écouter tout le temps du concert. Est-ce que le fait de venir chanter dans un aéroport t'apporte quelque chose en retour?
Oui, cela m'a beaucoup apporté à moi personnellement. Il faut dire que ce n’est pas une expérience que nous vivons tous les jours! Et je suis ravie d’avoir pu la vivre une nouvelle fois cette année. Avant de venir chanter sur la plateforme de Roissy, je ne savais même pas qu’il y avait une aumônerie dans les aéroports! Quelle plus belle occasion de partager la Bonne Nouvelle de Jésus que de chanter des chants de Noël ? Le temps de Noël est un temps tout particulier et nous sommes ravis d’avoir pu réaliser ce projet en ce temps de fêtes. Merci !
propos recueillis par Anniel Hatton